Salle 3 - La grotte sépulcrale

La grotte sépulcrale

A la verticale des ruines de la bergerie moderne dénommée zone 2 (ou « locus 2 » de G.-B. Arnal), dans la partie haute de la paroi, une petite grotte a été utilisée comme lieu de sépulture collective à la fin du Néolithique. Dénommée « locus 3 », elle se présente comme une anfractuosité s’enfonçant de quelques mètres dans le rocher. C’est un espace de petite taille, d’environ 3,5 m de long pour deux de large et un de hauteur maximale. Son porche et sa bordure occidentale sont un petit peu effondrés, suggérant que la zone couverte s’avançait légèrement plus en avant. Un petit muret bâti par les hommes préhistoriques venait la clore.

Dans ce petit espace, ce sont plusieurs dizaines de cadavres qui ont été déposés, pour des temps plus ou moins longs. Aucun squelette entier n’est en effet présent et les vestiges osseux se dispersent dans tout l’espace sans véritable structure stratigraphique ou planimétrique, même si quelques connexions sont parfois présentes. Ceci suggère que les morts n’étaient déposés dans cette grotte que pour un temps donné, immédiatement ou peu après leur décès. Il est probable que le besoin de place pour accueillir un nouveau défunt entraînait le réaménagement de l’espace sépulcral, en poussant les restes précédents sur les côtés ou le fond de la cavité ainsi qu’en prélevant une partie de ces vestiges : l’absence complète de crânes est à ce titre particulièrement illustrative. Cette réduction des cadavres pouvait peut-être être suivie d’une seconde inhumation dans un autre lieu sépulcral. La période durant laquelle fut utilisée la cavité est également celle où de très nombreux dolmens – autres lieux de sépultures collectives – sont implantés dans les environs immédiats du site.

Du fait de ces manipulations répétées, il est très difficile de connaître le nombre exact de personnes inhumées. Les dernières études réalisées décomptent un minimum de 56 défunts (sur la base des dents), mais certains indices laissent penser que ce nombre pourrait être quasi doublé.

Ce nombre élevé pour un si petit espace est lié à la fois à la probable longue durée d’utilisation ainsi qu’à une occupation dense des liens à cette période. Ces dépôts funéraires sont en effet contemporains de l’occupation villageoise du Néolithique final qui, au pied de la paroi, accueillait un probable village aux maisons aux bases de murs en pierre, entre 3300 et 2300 avant notre ère. Les prospections le long de la paroi ont permis d’identifier plusieurs autres cavités dont l’une au moins a également servi de sépulture collective à cette période. Bien qu’elle n’ait pas été que simplement sondée et que l’on ignore donc tout du nombre de défunts et de la chronologie précise, elle vient renforcer l’hypothèse d’une occupation dense des lieux.

Panneaux présents dans le musée lors de l'exposition

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Panneau présentant la grotte sépulcrale : tant de morts dans si peu de place Télécharger le fichier en pdf

La parure

La parure est l’ornementation corporelle visible destinée à embellir et à personnaliser un individu.

Pour la Préhistoire, les objets retrouvés en fouille sont essentiellement des bijoux destinés à orner le corps, la chevelure ou les vêtements. Mais l’ornementation a un sens plus profond. Elle contient les messages de la vie de groupe et sert de moyen d’expression à la collectivité. La parure peut signifier une valorisation de l’individu par rapport au groupe, un signe de puissance ou de richesse, un désir de reconnaissance sociale, un moyen d’inspirer l’admiration, une identification à un autre individu, un moyen de se souvenir d’un être cher…

Elle peut être destinée à des fins sépulcrales. Beaucoup de parures proviennent ainsi de sépultures collectives de la fin du Néolithique.

À partir de cette période, on assiste à la création d’une grande variété de types de parures, témoins d’une imagination sans cesse renouvelée.

Les matières utilisées pour la confection des parures sont trouvées dans la nature. Il s’agit de matières animales comme les coquillages méditerranéens, les dents, les os, ou minérales comme les roches ou les minéraux.

D’autres matières, comme le métal, ne sont pas utilisées brutes mais transformées. Enfin, d’autres matériaux périssables comme le bois, les fibres végétales, les graines séchées ou le cuir ont certainement dû être utilisés mais ne se sont pas conservés.

La nature est la première source d’inspiration mais la forme prédéterminée de la matière a pu conditionner l’objet. D’autres matières, comme la pierre et le métal, laissent libre cours à l’imagination pour s’adapter le mieux possible à la forme désirée.

Certains matériaux semblent être préférés par des groupes. Par exemple, les pendeloques triangulaires biforées en jayet, matière ramassée sur les Grands Causses, se retrouvent principalement dans le groupe aveyronnais des Treilles du Néolithique final au Chalcolithique.

À Roquemissou, la parure est typique de l’âge du Cuivre des Grands Causses (groupe des Treilles 3 500 - 2 200 av. J.-C.) et nombre de parures sont plus largement communes avec celles du Chalcolithique languedocien. Des contacts se sont produits entre les groupes caussenards et les groupes languedociens notamment par l’intermédiaire du causse du Larzac et de la vallée de l’Orb.



Proposition de reconstitution de la sépulture collective en grotte de Roquemissou
Proposition de reconstitution de la sépulture collective en grotte de Roquemissou
Néolithique final (Chalcolithique) – Groupe des Treilles - Bronze ancien
Sépulture de Roquemissou, dite Locus III, Montrozier (Aveyron)
Fouille G.-B. Arnal (responsable de l’opération) et Ph. Gruat, 1985-1986