Topographie, historique

Une si jolie paroi !

C’est bien souvent au volant de leurs véhicules que les passants ont les yeux attirés vers les escarpements rocheux de Roquemissou.
Les parois ne manquent pas, pourtant, entre Rodez et Sévérac, mais celle qui se développe entre les villages de Gages et de Bertholène est l’une des plus imposantes.

Composée de calcaire dolomitique, longue de presque 5 km et haute d’une quinzaine de mètres, elle borde la rive droite de l’Aveyron, à l’aval de sa plus large plaine alluviale.

Si, de nos jours, les parois rocheuses suscitent toujours l’intérêt des géologues et des amateurs d’escalade, leur attrait était autrefois de nature plus pragmatique, car elles offraient un abri plus ou moins développé en fonction de l’avancée du surplomb.
La présence d’une rivière à proximité, divaguant dans la plaine, a contribué à ce que les hommes viennent s’installer au pied de cette paroi à de très nombreuses reprises depuis la fin du dernier maximum glaciaire il y a plus de 20 000 ans.

Vue aérienne du gisement de Roquemissou et de ses environs
Vue aérienne du gisement de Roquemissou et de ses environs.
Au premier plan, sous la bâche blanche, l’emplacement des fouilles actuelles au pied de la paroi rocheuse, en partie masquée par les arbres, et à quelques dizaines de mètres de l’Aveyron.
Au fond à gauche, le village de Gages-le-Pont (cl. A. Sobié et M. Maillé).

Relevé tridimensionnel du site de Roquemissou et de ses abords immédiats par LIDAR aéroporté sur drone
Relevé tridimensionnel du site de Roquemissou et de ses abords immédiats par LIDAR aéroporté sur drone (relevé et DAO F. Baleux et C. Calastrenc).
Vue générale de la topographie actuelle du site de Roquemissou d’après le relevé LIDAR précédent, une fois la végétation gommée
Vue générale de la topographie actuelle du site de Roquemissou d’après le relevé LIDAR précédent, une fois la végétation gommée(relevé et DAO F. Baleux et C. Calastrenc)..

C’est Pierre-Marie Blanquet, archéologue amateur féru de Préhistoire, qui découvrit le gisement de Roquemissou, en 1978/1979.


Circulant quotidiennement sur cette route, il s’est un jour arrêté dans l’espoir de trouver des témoins de la présence d’hommes préhistoriques. Son intuition se confirma très rapidement à l’occasion d’un premier sondage limité autorisé en 1980.

C’est ensuite Gaston-Bernard Arnal (CNRS) qui entreprit une première série de campagnes de fouilles archéologiques programmées, de 1982 à 1989, avec une dernière intervention en 1991

Ses fouilles démontrèrent le potentiel du gisement, mettant en évidence des occupations de chasseurs-cueilleurs semi-nomades du Paléolithique final (vers 11 000 ans avant notre ère) et du Mésolithique (vers 7 000 ans avant notre ère), ainsi que d’autres de ce qu’il pensait être le fait des tout premiers agriculteurs-éleveurs du Néolithique (vers 5 000 ans avant notre ère). Malheureusement, son chantier fut en grande partie détruit par les agissements illégaux d’un collectionneur irresponsable. À la suite de cet acte de vandalisme, ses collaborateurs entreprirent la fouille de deux autres secteurs, avec notamment la reprise par Marc Bobœuf du sondage Blanquet dans l’ancienne bergerie (+ photo fouilles Marc), en prélude à la fouille de ce « locus II » par Gaston-Bernard Arnal, et la fouille d’une petite grotte sépulcrale (ou « Locus III ») dans la partie haute de la paroi conduite par Philippe Gruat.

Ces premiers travaux, malgré leurs déboires initiaux, permirent de montrer le potentiel exceptionnel du gisement et tout son intérêt pour documenter la fin de la Préhistoire dans le centre de l’Aveyron.

Ambiance de travail en 1988 lors de fouilles du « locus I » de Gaston-Bernard Arnal (cl. M. Bobœuf)
Ambiance de travail en 1988 lors de fouilles du « locus I » de Gaston-Bernard Arnal (cl. M. Bobœuf).